COMPTE RENDU DE LECTURE

Juillet 2018 :

‘’L’émoi de l’âme, les mots du cœur’’…

Compte rendu de lecture par madame Elisabeth Debard, professeure retraitée des écoles.

Que de belles lectures dans ‘’L’émoi de l’âme, les mots du cœur’’ !!

Voilà un ouvrage poétique beaucoup plus achevé que le précédent : ‘’De la brume à la plume’’, ce qui me fait dire (écrire) que Manu Edouard Moulin a voulu y mettre encore plus de sa personne comme si c’était toute une vie consacrée à la poésie qui couronnait une œuvre définitive. En fait, je trouverais cela dommage…

J’ai apprécié que Manu Edouard commence son œuvre en faisant référence à quelques piliers de la littérature, et qu’il évoque en priorité Charles Baudelaire, son maitre. A ce sujet, il est vrai qu’il est très difficile de se comparer à ce poète, il n’en reste pas moins que les poèmes de Manu Edouard ont des accents baudelairiens, mais qu’il sait aussi se détacher de lui afin de trouve sa propre voie poétique.

Quant à sa modestie, elle est tout à son honneur mais elle ne doit pas non plus le faire douter. Qu’il soit un poète et un rêveur demeure une évidence, n’en déplaise à celles et ceux qui le désignent ironiquement comme ‘’Poète rimailleur’’.

J’insiste, La modestie de Manu Edouard est tout à son honneur et vient contrebalancer certains comportements que je découvre çà et là au fil de mes nombreuses lectures.

J’ai apprécié également le fait qu’il consacre dans son nouvel ouvrage quelques poèmes à l’écriture ; en thème N° 1 et 9 notamment. Ce thème N°9 où il joue avec les vers entre sonnets et acrostiches, un procédé inédit par rapport à son précédent ouvrage et qui prend une place de choix dans la production d’une sculpture poétique.

Ce qui m’a particulièrement marquée dans ‘’L’émoi de l’âme, les mots du cœur’’ c’est l’alternance du sombre et du lumineux tout au long de l’ouvrage.

Noirceur du thème ‘’Révolution et rébellion’’ suivi immédiatement par le thème ‘’Amour, amitié et tendresse’’ ; comme si après avoir dénoncé l’ombre Manu Edouard la magnifiait avec la lumière.

Quant au thème N°5 : ‘’Romantisme’’ j’y vois davantage une succession de flashs lumineux où un discret badinage amoureux est entrevu en demi-teinte.

Il en est de même du thème N°6 : ‘’L’érotisme’’ où là, le badinage est bien plus libertin. Comme des parcelles de lumière arrachées au néant du puritanisme.

Avec les thèmes N°7 et 8 : ‘’Détresse et désespérance’’ et ‘’Sociétal’’, on retombe dans la noirceur ambiante où l’ombre a définitivement vaincu la lumière. Ces drames contemporains évoqués tels ‘’Palestine’’ ou ‘’Noyade insignifiante’’, toutes ces préoccupations bien de notre époque comme ‘’Malbouffe’’ ou ‘’les cavaliers assassins’’ en attestent.

D’autres thèmes eux aussi en demi-teinte comme ‘’Solitude’’ et ‘’Nostalgie’’ laissent la place aux deux thèmes les plus lumineux de l’ouvrage : ‘’Evanescence’’ et ‘’Nature’’. A ce moment la lumière prend le pas sur l’ombre de façon éclatante et l’on s’approche de la notion du beau, en poésie. Je dois avouer que ma préférence va sans conteste à ces deux thèmes là.

Tout cela m’amène à écrire qu’il existe deux principaux types de poésies dans le nouveau recueil de Manu Edouard Moulin : Une poésie pamphlétaire, sombre, celle qui dénonce en prenant des accents philosophiques et une poésie pure où le beau est à l’honneur comme dans les thèmes N°13 et 14 ‘’Nature’’ et ‘’Espoir’’, en particulier.

Bien entendu la réalité poétique de ‘’L’émoi de l’âme, les mots du cœur’’ n’est pas aussi tranchée et il existe nombre de poèmes plus nuancés.

J’ai noté deux termes qui reviennent souvent sous la plume de Manu Edouard : Celui de ‘’nigaud’’ associé à l’univers sombre et cynique dans lequel nous nous débattons, et ‘’empathie’’ qui vient contrebalancer le précédent puisqu’il est du côté lumineux.

On pourrait y ajouter ‘’oxymore’’ qui revient souvent dans les derniers poèmes de l’ouvrage, vocable qui prend, dans ce climat poétique, toute sa signification avec la thématique décrite.

J’avoue être restée un peu perplexe face aux quatre poèmes du ‘’Fil rouge’’. Ce dernier a, en tout cas, renforcé en moi cette idée de cycle achevé ; en effet nous assistons par leur lecture à la vie puis la mort d’une âme, impression décuplée par l’un des derniers thèmes abordés : ‘’La mort’’…

A moins que la toute dernière partie, celle qui évoque les productions poétiques adolescentes de l’auteur ne symbolise un éternel recommencement, l’âme étant en ce cas immortelle ( ?).

Voilà ce que la lecture, bien agréable, de ‘’L’émoi de l’âme, les mots du cœur’’ a ouvert comme réflexions en mon for intérieur. L’analyse pourra vous paraitre incomplète et peut-être approximative mais j’ai écrit là en toute sincérité avec les mots venus du cœur.

Je souhaite à Manu Edouard Moulin de belles heures créatrices à venir, et ce, pour le plus grand plaisir de ses lectrices et lecteurs.

                                                                           Elisabeth Debard