DEDICACE

Ils ont les yeux si délavés que l'horizon est sans couleur

laissant une ligne estompée où leur regard va et se meurt;

aucun endroit ne leurs permet quelques repos libérateurs

seule est raison de respirer au rythme d'un temps brétailleur.

Ils vont sans but au gré du vent, loin de tout lien et servitude,

se moquant des regards posant des lots de mauvaise inquiétude;

leur vie est ouvrage branlant construit sur trop d'incertitudes

faisant leur chemin pénitent où se complait la solitude.

Ils sont les fils de l'anarchie aux illusions abandonnées

sur des trottoirs trop endormis où court une foule pressée;

il n'est plus rien que cette envie qui les taraude sans arrêt

et qui parfois devient folie tant ils n'ont cesse de marcher.

Simple bergers toujours errants ils n'ont d'amour qu'une planète

pour les guider dès le levant et les mener en tête à tête

sur bien des routes où chaque instant ils sont Apollon musagète

menant les muses aux yeux d'argent qui font les rimes des poètes.

Ô vagabonds rabelaisiens, vous êtes cette évanescence

qui hante mon gris quotidien et me torture sans décence

en se moquant des nombreux liens entravant mon indépendance

et me laissant tel Phéacien sur un vaisseau en putrescence.

Ô vagabonds sans foi ni loi, doux libertaires, tendres rêveurs,

je vous en prie emmenez moi avant que s'étiole mon coeur.

A Edouard Houël, mon grand-père.

Manu Edouard Moulin

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